J’aime les livres sur la nature dont les idées sont basées sur une approche scientifique, avec une vision constructive de l’évolution de l’environnement.  

L’auteur de l’un de ces livres, Alexis Jenni, exprime bien ce que je crois :  

L’Homme détruit-il la vie ? Non, elle est increvable. L’activité humaine élimine plantes et animaux, la plupart des gros animaux et une foule de petits, l’Homme met à terre l’équilibre des écosystèmes qui deviennent erratiques et appauvris. Mais la vie, elle, reste, elle est inextinguible. L’extinction est à venir, c’est toujours une prophétie, à prendre très au sérieux mais à ne pas confondre avec un fait qui aurait déjà eu lieu. 

Alexis Jenni

Durant certains matins calmes, me revient en tête le titre du livre prémonitoire de Rachel Carson sur les pesticides Silent Spring (1962). Je ne vois pas beaucoup d’oiseaux autour de chez moi, à mi-avril les hirondelles ne sont pas revenues au bord du lac, juste quelques poules d’eau (foulques macroules !). Mais le paysage brumeux est merveilleusement beau. Je me sens un peu seul. Face à cette nature qui se dépeuple et souffre, j’ai soif de sa beauté qui m’émerveille tant. 

Alexis Jenni a raison l’extinction n’est pas encore venue chez nous, mais elle progresse pas à pas, d’où l’intérêt des trois livres constructifs et récents qui m’ont nourri, chacun à sa manière.

1. Apocalypse Zéro: Pourquoi l’alarmisme environnemental est dangereux, de Michael Shellenberger (2020)

Michael Shellenberger est un militant écologiste de la première heure, collaborateur du GIEC, nommé par le magazine TIME « héros de l’environnement » pour ses livres et ses nombreux articles. 

Ce livre parle d’humanisme et de solutions viables, efficaces et durables. Il mélange avec bonheur la recherche, l’enquête de terrain et l’histoire du mouvement vert. 

Il donne la parole aux protagonistes radicaux, que l’auteur connait bien. Il leur répond avec des arguments dûment référencés et sans réprobation. 

Ce qui distingue Michael Shellenberger d’autres écologistes tout en le rendant pertinent, c’est qu’il a évolué parmi eux tout en continuant à réfléchir par lui-même. Ce sont les personnes qu’il a rencontrées au cours de ses voyages d’étude, au Congo et en Indonésie, qui lui ont fait comprendre que la solution se trouve dans l’adaptation et non dans l’application d’une écologie punitive et régressive. 

Les plus : 

  • L’auteur a une vision globale. Il est sensible à la situation des pays les plus pauvres. 
  • Il a une vision constructive et humaniste de l’avenir qui s’oppose aux écologistes intégristes. 
  • Son style est vivant. 

Les moins : 

  • Michael Shellenberger a le courage d’opinions bien étayées. Certains pourraient être surpris par son soutien à l’électricité d’origine nucléaire. 

2. La Terre n’a pas dit son dernier mot, de Chris Forman et Claire Asher (2021) 

La Terre n’a pas dit son dernier mot est un livre de vulgarisation scientifique et technique dont le but est de démontrer d’une manière pédagogique et facilement accessible à toute personne ayant un minimum de culture scientifique que l’on peut s’inspirer de la nature pour réaliser une économie circulaire, respectueuse des ressources et recyclant ses déchets en permanence. 

Pour les auteurs, les systèmes naturels représentent une source inépuisable d’inspiration, qui nous permettent d’envisager un avenir d’abondance technologique. Grâce aux matériaux intelligents et à des procédés de fabrication empruntés à la nature, nous pourrons vivre dans une société plus juste et plus durable, dotée d’une économie circulaire efficace axée sur l’innovation. 

La photosynthèse a permis aux organismes d’optimiser leur usage de l’énergie et des matériaux à leur disposition. Les écosystèmes qu’ils ont façonnés ont acquis une forme de circularité : les déchets sont recyclés et les molécules passent d’un organisme à l’autre. Dans tout système circulaire, la gestion de l’énergie et celle des matériaux vont de pair. Par contre, dans nos systèmes linéaires actuels, c’est loin d’être le cas. 

Les auteurs donnent de nombreux exemples de thèmes de recherche scientifique et technique qui donnent déjà des résultats prometteurs : L’impression 3D, la biologie de synthèse, l’intelligence artificielle, les matériaux intelligents. Ils développent ces axes de recherche et en expliquent tout le potentiel. 

Les plus : 

  • Il est enthousiasmant et assez incroyable de découvrir le potentiel d’une économie basée sur les techniques utilisées par la nature. 
  • C’est une vision nouvelle et très innovante. 
  • Ce livre est aussi facile d’accès que possible, avec de nombreux graphiques et illustrations. 

Les moins : 

  • Malgré les efforts de pédagogie des auteurs, cet ouvrage paraîtra ennuyeux à ceux que la science et la technique n’intéressent pas. 

3. Cette planète n’est pas très sûre – Histoire des six grandes extinctions, d’Alexis Jenni (2022)

Cette planète n’est pas très sûre est un livre émerveillé devant la science, un livre du bonheur de penser, en passant de l’histoire à la littérature et à la science qui donne le bonheur de chercher, découvrir, comprendre, et par là de voir le monde s’enrichir dans la mesure où nous le connaissons et comprenons mieux. 

Le prix Goncourt Alexis Jenni est un scientifique, agrégé de biologie, professeur et romancier. Dans cet ouvrage il raconte les cinq extinctions majeures que la Terre a connues, dont celle des dinosaures (il y a 66 millions d’années !), la plus célèbre. Il s’interroge sur la sixième qui serait due aux dégâts infligés au vivant par l’activité humaine. Celle que nous vivons à l’heure actuelle. 

C’est passionnant, ça se lit comme un roman, mais tout y est vrai. 

Les plus : 

  • Passionnant et facile à lire si on aime la géologie et la paléontologie, ou simplement les dinosaures. 
  • Son analyse de la période actuelle, l’Anthropocène, est prudente, sans être alarmiste, elle reste nuancée et humaine. 

Les moins : 

  • Il n’y a rien d’euphorique dans la vision de l’auteur. Pour lui, il est minuit moins cinq!   L’extinction est encore à venir, mais elle est à prendre très au sérieux, rapidement.