Comment vivre en communion avec la nature ? Quelle est la place de l’espèce humaine sur Terre ? Qu’avons-nous à apprendre de nos ancêtres de la Préhistoire et des peuples premiers ? Le livre autobiographique L’Endroit de monde relate l’histoire de Kim Pasche et son évolution vers la vie sauvage en autonomie dans le Yukon.  

Titre : L’Endroit du monde. En quête de nos origines sauvages 
Auteurs : Kim Pasche 

Éditions : Arthaud 

Année de parution : 2021 
Avis : ★★★★★ 

Un livre pour plonger au coeur du monde sauvage

Nous avons interviewé Kim Pasche pour notre série Rêveillons-nous !

Dans la saison de 2 de Rêveillons-nous !, notre série vidéo qui célèbre le lien à la nature, Kim Pasche est notre invité et il nous dévoile ce qui le lie au monde sauvage. De plus, le trappeur nous propose des pistes pour réensauvager notre société moderne.

Kim Pasche et sa quête de nos origines sauvages au Canada 

L’endroit du monde relate les débuts de la vie de l’auteur en Suisse et son attrait irrésistible pour la vie telle que nos ancêtres de la Préhistoire la vivaient. Habité par l’appel de la forêt, il décide de partir au fin fond du Canada, dans le Yukon, une contrée peu peuplée qui se compose d’immenses forêts et de nombreux lacs. Côtoyant tantôt des amérindiens, tantôt des trappeurs, Kim apprend à vivre le mode de vie ancestral, basé sur la connaissance du monde animal et végétal et sur la fabrication d’outils préhistoriques. 

La quête de reconnexion profonde mène l’auteur à adopter un rythme et des pratiques proches de ceux que vivaient nos ancêtres de la Préhistoire. En parallèle de cet apprentissage, nous suivons l’évolution de Kim sur le plan spirituel et existentiel. 

Chasse, danger et mort : loin des idées préconçues de la société moderne 

Le danger et la mort sont présents tout au long du récit car la vie dans les bois est loin d’être facile. Nous suivons l’auteur qui apprend le métier de trappeur aux côtés de personnes plus expérimentées que lui. Au fur et à mesure des parties de chasse et des nombreux périls, on comprend que ce mode de vie repose sur des connaissances aiguisées du milieu et sur une capacité d’adaptation importante.  

La chasse et la trappe occupent une place importante dans ce livre, car c’est ce qui permet à Kim Pasche de se nourrir au quotidien. J’ai particulièrement apprécié lire les péripéties de la chasse car elles nous font découvrir l’aspect émotionnel qui entoure cette pratique, une dimension souvent peu abordée dans les médias lorsqu’il est question de chasse : 

“I will go with you, because you love me while I die.” Ce chant amérindien résonna en moi et j’en eu les larmes aux yeux. L’origine de l’univers se jouait dans ces quelques instants où à chaque fois la destruction côtoyait la création. La chasse possédait cette magie de faire converger pour un battement de temps les forces opposées et les voir se réunir e une danse céleste. Un peu de moi mourait ici pour qu’un peu de ma proie puisse vivre en moi. (…) et c’était dans l’ordre des choses.

L’Endroit du monde, p. 393

La chasse symbolise l’aspect cyclique de la nature et la mort qui nourrit la vie. Loin de la vision naïve d’une nature paradisiaque et bienveillante, L’Endroit du monde dépeint la nature telle qu’elle est et dans laquelle la vie et la mort pèsent chacune leur poids pour finalement s’équilibrer.  

Dans mon quotidien, la vie sauvage me susurrait à l’oreille que le danger et la peur étaient de précieux alliés puisqu’ils nous poussaient à l’excellence. Le monde moderne et ses sécurités semblaient plutôt nous pousser à la médiocrité. (p. 124) 

L’Endroit du monde, p. 124.

La vie de trappeur de Kim Pasche : Sobriété et richesse sensorielle  

Mais comment vivre ainsi alors que notre société moderne se trouve à l’exact opposé ? Comment acquérir le précieux savoir-faire et le savoir-être nécessaires à une vie épanouie dans des forêts où seule une poignée d’êtres humains s’aventurent ?  

Le terme vie épanouie n’est pas choisi au hasard : Kim Pasche se distance de l’étiquette survivaliste que certains pourraient lui attribuer. La vie sauvage telle qui la conçoit tend vers la pérennité, la sobriété heureuse et un sentiment d’abondance. En clair : l’opposé de la survie.  

Au fil du récit, l’auteur se défait progressivement de ses besoins matériels pour tendre vers une vie intérieure riche de sens :  

Tout s’était aligné devant moi et je comprenais qu’il me fallait maintenant répondre à cette soif de savoirs traditionnels qui m’habitait. C’était le chemin que je devais suivre. Il menait vers un détachement du monde créé par notre civilisation. Pour se découvrir, il fallait lâcher l’importance que nous portions au matériel. J’allais dorénavant apprendre les gestes anciens, ceux de la préhistoire et m’affranchir de la dépendance matérielle de mon époque. Je ne doutais pas un instant que cette démarche me rapprocherait de la relation au monde qu’il me tardait de trouver.  

L’Endroit du monde, p. 111 

Revenir aux origines pour être en communion avec la nature ? 

En me plongeant dans L’Endroit du monde, j’ai mis en perspective les normes de notre société moderne pour m’interroger sur : 

  • Les cycles 
  • Le rythme humain 
  • Le lâcher prise 
  • L’importance d’alterner entre observation et travail pratique 

À travers l’immersion dans la quête de la vie sauvage de l’auteur, ce livre nous invite à nous questionner sur notre rapport à la nature et sur notre place en tant qu’humains dans ce grand tableau du vivant : 

[La] vie [ancestrale] représentait une union sans compromis avec le vivant. Une union rendue possible grâce au lâcher-prise dont font encore preuve les peuples racines. […] J’en étais sûr, si les humains touchaient du doigt cette connaissance – que l’homme a une place au sein du vivant et que la vie n’a pas besoin d’aide pour orchestrer le monde – bien des défis contemporains disparaîtraient. Mais comment créer cette passerelle ? Comment rendre perceptible la force du lâcher-prise ? 

L’Endroit du monde, p. 374, 386. 

Le lâcher-prise semble être la clé de nombreuses problématiques de notre société moderne. En lisant le livre de Kim Pasche, je me dis que nous aurions beaucoup à apprendre de ces peuples. Je me demande comment nous pourrions, en tant que collectif, laisser place à un plus grand lâcher-prise au lieu de chercher à constamment contrôler chaque paramètre de notre environnement, ce qui accentue toujours plus le déséquilibre de la planète et du bien-être humain. Mais avant de penser au collectif, la démarche est avant tout individuelle.  

Expérimenter le lien à la nature et être souvent à son contact est à mes yeux un élément de réponse et c’est ce que nous proposons au travers de nos divers projets à la Fondation Homme et Nature. Nous organisons également des activités pour en apprendre plus sur les animaux et les plantes et entretenir la petite flamme de la curiosité. Alors si ces quelques lignes produisent une étincelle en vous, n‘attendez pas et inscrivez-vous à notre newsletter pour être averti de notre prochain événement ! 

Pour aller plus loin  

  • Gens des bois, un collectif passionné par la vie sauvage dont fait partie Kim Pasche, organise régulièrement des stages d’immersion.  
  • Un magazine trimestriel inédit, La tribu du vivant, auquel Kim Pasche participe. 

Je vous recommande vivement L’Endroit du monde de Kim Pasche et j’espère que vous aurez autant de plaisir à le lire que moi. Ce livre est d’une grande force. Il nous invite à prendre du recul pour nous plonger dans l’introspection et adopter un certain sens critique face aux valeurs de notre civilisation. Et en même temps, il donne terriblement envie de passer du temps seul en nature et d’en apprendre plus sur chaque espèce : plante, arbre, animal, etc. 

Et vous ? Que pensez-vous de ce livre ? Ressentez-vous l’appel de la forêt ?