Dans cet article, faites connaissance avec Prof. Kurt Hostettmann, membre du Comité scientifique de la Fondation Homme et Nature et professeur de pharmacognosie, c’est-à-dire les médicaments d’origine naturelle. Vous découvrirez son lien à la nature et sa passion pour les plantes médicinales …

Professeur Hostettmann, qui êtes-vous ?

Je suis professeur de pharmacognosie (médicaments d’origine naturelle) à la retraite. J’ai effectué des études de chimie à l’Université de Neuchâtel, ainsi qu’une thèse de doctorat à la même Université. Passionné par les plantes, j’ai poursuivi ma formation à la Columbia University de New York, puis à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zürich (ETHZ). Depuis 1981, je suis Professeur ordinaire à l’Université de Lausanne et Directeur de l’Institut de pharmacognosie et phytochimie. En 2004, mon institut a été transféré à l’Université de Genève.

Je m’intéresse aux principes actifs de plantes utilisées en médecine traditionnelle. Je suis également l’auteur de plus de 650 publications scientifiques et d’une vingtaine de livres.

D’où vous vient votre passion pour les plantes médicinales ?


Enfant, fils d’une famille paysanne, je vivais à la campagne et les bobos étaient soignés par des plantes. Très jeune, je devais récolter des plantes médicinales, les sécher afin de les utiliser pendant l’hiver. Selon les instructions de ma mère et de ma grand-mère.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?


Découvrir des nouveaux médicaments à base de plantes. C’est l’axe de mes recherches pendant une trentaine d’années. Et bien sûr aussi l’enseignement : transmettre son savoir et faire aimer les plantes médicinales aux étudiants en pharmacie.

Quelles sont vos valeurs ?


Se tenir au courant des recherches en cours dans le domaine des plantes médicinales afin de pouvoir donner des conseils avisés à toutes les personnes désireuses de se soigner par la phytothérapie. Être critique face aux publicités parfois tapageuses pour des « remèdes naturels » dont l’efficacité reste à être démontrée.

Quelle est votre plante préférée ? Pourquoi ?


C’est la gentiane. Ou plutôt : les gentianes car il en existe plus de 30 espèces en Suisse, de couleur jaune, bleue ou pourpre. La beauté d’une gentiane bleue est extraordinaire, la forme de la fleur et ce bleu parfait : aucune fleur de notre pays n’est aussi belle à mon goût. Je ne suis sans doute pas tout-à-fait objectif car j’ai étudié des gentianes indigènes dans le cadre de ma thèse de doctorat.

Vous êtes un retraité très actif : ce sont les plantes qui vous donnent toute cette énergie ?


Bien sûr, ce sont les plantes qui me donnent cette énergie. Mon prochain livre sera consacré aux plantes contre la fatigue et pour mieux récupérer après un effort.

Qu’est-ce qui vous fascine dans les plantes médicinales ?


La recherche scientifique dévoile sans arrêt des nouveaux résultats relatifs aux plantes médicinales, surtout dans la prévention de nombreuses maladies et aussi dans le traitement.

Pourquoi est-ce important de se soigner avec des plantes ?
La phytothérapie est une médecine douce avec généralement moins d’effets indésirables que les médicaments de synthèse. Elle est particulièrement indiquée dans le traitement de maladies chroniques.

Notre fondation a pour mission de renouer le lien à la nature. Parlez-nous de votre relation à la nature …


Il faut avant tout la préserver. Parfois, l’industrie pharmaceutique développe ses médicaments à partir de plantes issues de cueillettes sauvages mettant en danger la survie de ces espèces. Il faut faire plus d’efforts pour mettre en place des cultures efficaces et biologiques. Certaines espèces sont difficiles à cultiver et il est plus économique d’aller les récolter dans leur milieu naturel ! Plusieurs plantes médicinales, surtout en Afrique, sont menacées d’extinction…

On observe actuellement un intérêt croissant pour les plantes, leurs propriétés et leurs bienfaits sur la santé. À votre avis, à quoi est due cette tendance ?


Effectivement, on assiste à un besoin de retour à la nature. Donc, on cherche à se soigner par des moyens naturels, et en premier liens, avec les plantes médicinales. Ceci peut s’expliquer en grande partie par les scandales provoqués par des effets secondaires graves de médicaments de synthèse sous prescription médicale. De vrais catastrophes sanitaires ont été déclenchées par des médicaments comme le Mediator (en 2021) et la Dékapine (en 2017). Les médicaments issus de plantes peuvent aussi induire des effets indésirables, mais nettement plus modérés.

Où et quand peut-on participer à vos ateliers ?


La saison est terminée. Le programme des ateliers, promenades pharmaco-botaniques dans la nature et visites guidées du Jardin alpin de Champex-Lac sera connu au printemps 2024.

Retrouvez Prof. Kurt Hostettmann :

Nous remercions vivement Prof. Kurt Hostettmann pour cette interview !