Vous aimeriez cueillir des plantes sauvages comestibles ? Découvrez les secrets de la cueillette de plantes sauvages dans cet article. Sabrina Malacorda est accompagnatrice en montagne et experte de la flore sauvage. Elle vous dévoile ses astuces et vous explique comment cueillir des plantes sauvages en toute sécurité et avec respect. 

Article écrit en collaboration avec notre partenaire Sabrina Malacorda 

Faut-il cueillir les plantes sauvages ? 

La nature nous offre une grande diversité de plantes comestibles et nos ancêtres ont, durant des millénaires, eu recours à la cueillette de plantes sauvages, que ce soit pour se nourrir ou pour se soigner. En effet, ce trésor végétal est une mine de nutriments, beaucoup plus riches que leurs homologues cultivées : vitamines, sels minéraux, oligo-éléments, antioxydants, etc. 

Avec la sédentarisation de l’être humain et le développement de l’agriculture puis de la production à des niveaux industriels, l’utilisation et les connaissances sur les plantes sauvages comestibles et médicinales se sont perdues. Et quel dommage, car ce monde merveilleux riche en formes, en saveurs et en couleurs s’offre à nous ! Cueillir les plantes et les utiliser pour se nourrir, c’est partir à la découverte de saveurs nouvelles et oubliées, que l’on ne trouve nulle part ailleurs. C’est aussi renouer avec la nature, avec le vivant, prendre le temps de l’identification et de la récolte.  

Quelle partie de la plante peut-on utiliser ? À quelle saison la cueillir ? Comment la préparer ? En route pour un voyage au pays de la gastronomie sauvage ! 

Quels sont les risques pour le monde végétal ? 

Il est important de pratiquer la cueillette de manière responsable pour minimiser les risques pour la plante. 

La cueillette responsable 

La cueillette peut avoir des conséquences néfastes sur la plante elle-même, en particulier si elle est pratiquée de manière excessive. De plus, la cueillette peut perturber la croissance et la reproduction de la plante. En outre, elle peut également réduire la quantité de graines produites, ce qui peut à son tour impacter la quantité de plantes disponibles pour les futures générations de manière négative. Il est donc important de pratiquer la cueillette de manière respectueuse. 

Les bonnes pratiques de la cueillette de plantes sauvages  

Pour cueillir les plantes sauvages de manière responsable, il est important de suivre quelques règles simples : 

  1. Cueillez avec modération, en ne prélevant que ce dont vous avez besoin et en laissant suffisamment de plantes pour assurer leur survie et leur reproduction. Il faut laisser 2/3 des plantes sur place et éviter de cueillir des individus isolés. 
  1. N’arrachez pas la plante en tirant dessus. Cassez ou coupez uniquement la partie dont vous avez besoin. 
  1. Évitez de cueillir des plantes rares, menacées ou protégées, ainsi que celles qui se trouvent dans des réserves ou dans des zones fragiles. (1) 
  1. Prévoyez un sac différent (pas de sac plastique) pour chaque plante, afin de faciliter le tri une fois à la maison. 
  1. Si vous êtes sur des terrains privés, demandez l’autorisation de cueillir au propriétaire. 

Quels sont les risques pour l’humain ? 

Risque de toxicité 

Certaines plantes sauvages peuvent être toxiques pour l’humain, voire mortelles. Il est donc essentiel de bien identifier les plantes que l’on souhaite cueillir et de se renseigner sur leur toxicité potentielle au préalable. Il est important de souligner que la notion de toxicité est variable selon la quantité ingérée, la sensibilité de la personne ou encore la partie de la plante concernée. Par exemple l’oxalis qui est un comestible peut être dangereuse pour les insuffisants rénaux. Ou encore l’if qui est entièrement toxique sauf la pulpe de l’arille, son fruit rouge, qui est sucrée et gélatineuse ! Cependant, faites attention car le noyau est toxique lui aussi. 

Il est également recommandé de ne pas cueillir de plantes à proximité de zones contaminées par des pesticides ou des polluants, car cela peut rendre les plantes impropres à la consommation. Si vous cueillez proche de champs cultivés, renseignez-vous auprès de l’agriculteur sur ses pratiques. S’il utilise des pesticides, la lisière de la forêt qui se trouve juste à côté ne sera peut-être pas épargnée. 

De manière générale, renseignez-vous toujours sur les risques de pollution de vos lieux de cueillette. 

Comment éviter les risques lorsqu’on cueille des plantes sauvages ? 

Certaines plantes sont toxiques et certaines sont réellement dangereuses, voire mortelles. Quelques exemples : le muguet, la grande cigüe, le colchique… Il faut être sûr à 200% d’avoir correctement identifié votre plante avant de la cueillir. 
 

Pour cela, différents éléments peuvent vous aider :  

En outre, il vous faudra vérifier votre récolte avant de la cuisiner et retirer toute plante ou partie de plante moisie, abimée ou montrant des signes de maladie. 

De plus, faites attention aux parasites. Si vous craigniez l’échinococcose ou la douve du foie, il n’est pas suffisant de laver les plantes. Il faut les cuirs au minimum 3 minutes à 60°C.  

L’Echinococcose est transmise par un ver plat appelé « échinocoque ». La forme adulte de ce parasite infecte les renards, les chiens et parfois les chats. Les oeufs du parasite se transmettent par les excréments d’animaux et le risque est d’en ingérer. Après digestion, les œufs éclosent et les larves s’installent dans le foie ou dans d’autres organes, créant potentiellement des kystes très problématiques. Il est conseillé de cueillir à plus de 50cm du sol lorsque cela est possible, dans des zones où il n’y a pas de déjections d’animaux domestiques ou sauvages.  
 
La douve du foie est un autre ver plat parasite qui se nourrit des cellules et du sang du foie. La transmission se fait par les excréments des ruminants : chèvres, vaches, moutons et parfois chevaux. L’homme est souvent un hôte accidentel du parasite, qui a besoin de plusieurs organismes pour se développer, dont des escargots d’eau douce !  


Les Leptospira provoquent la leptospirose. Elle est transmise par l’urine des rongeurs (rats, ragondins…), parfois par les animaux de compagnie. Elle se plaît particulièrement dans les milieux humide (eaux stagnantes, mares, cours d’eau…). 
 

Par conséquent, ne faites pas de cueillette proche de zones de pâturages, surtout s’il y a des ruisseaux à proximité ! Heureusement, tous ces parasites sont éliminés par la cuisson. 

En cueillant des plantes sauvages, vous serez exposés aux tiques. Protégez-vous en portant des habits couvrants car les piqûres peuvent engendrer la borréliose ou la maladie de Lyme. La vérification de la peau doit se faire au retour de la balade et le retrait dans les 24h suivant l’exposition. 

Pourquoi la cueillette de plantes sauvages permet-elle de renforcer notre relation à la nature ? 

La relation entre les humains et le monde végétal remonte à l’aube de l’humanité. Les plantes ont été cueillies et préparées à des fins alimentaires, médicinales et spirituelles par les humains depuis des millénaires. Nous avons probablement utilisé les plantes depuis la nuit des temps, mais la première preuve écrite de cette utilisation remonte à environ 5000 avant J.-C. : Dans le texte inscrit sur la tablette sumérienne de Nippur, on peut lire des recettes à base de plantes sauvages. (2) 

Les plantes ont également été utilisées à des fins médicinales depuis des milliers d’années. Les premiers systèmes médicaux, tels que l’ayurveda en Inde et la médecine traditionnelle chinoise, ont utilisé des plantes pour traiter diverses maladies. 

En plus de leur utilisation pour l’alimentation et la médecine, les plantes occupaient une place non négligeable dans les pratiques spirituelles et religieuses. Dans de nombreuses cultures, les plantes étaient considérées comme sacrées et étaient utilisées dans les cérémonies religieuses. Par exemple, les peuples autochtones d’Amérique du Nord utilisaient le tabac et la sauge dans leurs cérémonies, tandis que les anciens Égyptiens utilisaient le lotus comme symbole de la régénération spirituelle. 

Au fil du temps, les humains ont développé une compréhension plus profonde du monde végétal et de son importance pour leur survie et leur bien-être. Aujourd’hui, les plantes continuent de jouer un rôle important dans la vie des humains, que ce soit pour l’alimentation, la médecine, l’industrie ou la conservation de l’environnement.  

La cueillette et la cuisine de plantes sauvages permettent de renforcer notre relation à la nature de nombreuses façons. 

Contact direct avec la nature 

En cueillant des plantes sauvages, nous sommes en contact direct avec la nature. Nous passons du temps dans les bois, les champs ou les prairies, ce qui nous permet de découvrir de nouveaux endroits et de nous immerger dans des environnements naturels. Cette expérience peut nous aider à développer une plus grande appréciation de la beauté et de la complexité de la nature. 

Utilisation des 5 sens  

La cueillette de plantes sauvages peut être une expérience très enrichissante pour ceux qui souhaitent se connecter avec la nature et nos sens peuvent être utilisés pour aider à identifier les plantes sauvages et à déterminer leur utilité.  

Voici quelques exemples : 

  • La vue : l’observation visuelle est un moyen essentiel pour identifier les plantes sauvages. Il est important de connaître les caractéristiques spécifiques de chaque plante, comme la couleur, la forme et la taille de ses feuilles, de ses fleurs, de ses baies ou de ses fruits. 
  • Le toucher : le toucher peut aider à identifier la texture, la dureté et la souplesse des plantes. Certaines plantes ont des feuilles douces et veloutées, tandis que d’autres ont des feuilles dures et piquantes. Certaines plantes peuvent également avoir des poils ou des épines. 
  • L’odorat : l’odeur peut être un indicateur important pour identifier certaines plantes sauvages. Certaines plantes ont des parfums très forts, tandis que d’autres peuvent avoir des odeurs plus subtiles. Par exemple, l’odeur forte de l’ail des ours est caractéristique de cette plante. 
  • Le goût : vous avez identifié la plante ? Utilisez le goût pour voir avec quoi elle pourrait bien se marier et amusez-vous avec vos recettes ! 
  • L’ouïe : bien que moins utilisée pour la cueillette de plantes sauvages, l’ouïe peut être utile pour identifier certains milieux. Vous entendez la présence de l’eau au loin ? Il y aura alors certainement la présence de plantes qui évoluent dans des milieux humides comme par exemple le cresson qui pousse le long des ruisseaux et dans l’eau courante. 

Compréhension de la biodiversité 

La cueillette de plantes sauvages nous permet de mieux comprendre la biodiversité. En apprenant à reconnaître et à identifier différentes plantes, nous prenons conscience de la diversité des espèces et de l’importance de préserver la nature. Nous découvrons aussi que les plantes vivent dans des milieux bien particuliers et que dans ces milieux y vivent également certains animaux, certains champignons. La découverte et l’apprentissage de ces milieux nous offre une meilleure lecture et compréhension de la nature, de son fonctionnement, de ses besoins.  
 

Les interactions entre les différentes espèces au sein d’un écosystème sont essentielles pour la compréhension de la complexité et de l’interconnexion de la vie sur Terre. Les espèces interagissent entre elles de différentes manières, notamment par la prédation, la compétition, la symbiose et la coopération. Ces interactions peuvent avoir des effets directs et indirects sur les populations d’espèces, ainsi que sur les communautés d’espèces et les écosystèmes dans leur ensemble. 

Animaux, plantes, roches, eau…tout est interconnecté dans le vivant. 

Alimentation plus saine 

Les plantes sauvages sont souvent plus nutritives que les légumes cultivés en agriculture conventionnelle. En les incorporant dans notre alimentation, nous pouvons améliorer notre santé et notre bien-être. Cela peut également nous amener à prendre conscience de l’importance de manger des aliments sains et naturels. 

Attention tout de même à ne pas en manger trop d’un coup sous peine d’avoir quelques dérangements intestinaux… Mieux vaut vous y habituer progressivement.  
 

Respect pour la nature 

En somme, la cueillette de plantes sauvages peut nous aider à développer une relation plus profonde et plus significative avec la nature. En apprenant à récolter les plantes de manière durable et à préserver leur environnement, nous pouvons mieux comprendre notre impact sur la nature et chercher des moyens de vivre en harmonie avec elle. Nous pouvons apprendre à mieux la connaître, à mieux la respecter et à mieux apprécier sa beauté et sa diversité. Et souvent on ne va protéger que ce que l’on respecte, ce qui nous touche. 

La cueillette de plantes sauvages peut susciter de nombreuses émotions et un sentiment d’émerveillement chez les personnes qui s’y adonnent. La cueillette de plantes sauvages peut s’avérer être une expérience excitante : c’est comme partir faire une enquête, chercher des indices et quelle récompense, quelle satisfaction lorsque l’on arrive à déterminer ou trouver la plante recherchée. On éprouve alors une grande gratitude envers la nature et la terre pour les merveilles qu’elle offre. Souvent nous sommes emplis d’admiration lorsqu’on prend le temps d’observer les détails incroyables des plantes et leur environnement, en appréciant la beauté de leurs formes, la délicatesse de leur goût ou de leur odeur. 

Alors…bonne découverte et bonne cueillette ! 

Apprenez à cueillir et à cuisiner les plantes sauvages comestibles avec Sabrina 

Vous aimeriez débuter avec la cueillette de plantes sauvages mais vous avez peur de mal les identifier ? Vous connaissez les bases de la cueillette mais vous vous sentiriez plus à l’aise en compagnie d’une accompagnatrice expérimentée ?  

Apprenez à reconnaitre des plantes sauvages comestibles près de chez vous avec une experte. Vous pourrez identifier, sélectionner et préparer les plantes en toute sécurité avec respect et gourmandise ! 

Nous organisons prochainement un atelier cueillette de plantes sauvages & apéro (pour les adultes) en partenariat avec Sabrina Malacorda : 

cueillette plantes sauvages Walk Wild Fondation Homme et Nature
Découvrez et dégustez les plantes sauvages comestibles avec notre partenaire Sabrina Malacorda

À la découverte des plantes sauvages comestibles : Atelier de cueillette et apéro de plantes sauvages pour adultes le vendredi 3 mai 2024 de 17h00 à 20h00.

Présentation de Sabrina Malacorda

Sabrina Malacorda accompagnatrice de montagne et fondatrice de Walk Wild 

Notre partenaire Sabrina Malacorda est accompagnatrice de montagne et fondatrice de Walk Wild. Dans cette interview, elle dévoile ce qui l’anime au quotidien dans son métier et présente la philosophie avec laquelle elle mène ses activités.  

Source :  

  1. https://www.infoflora.ch/fr/conservation-des-especes/liste-rouge.html 
  1. Petrovska, B. B. Historical review of medicinal plants’ usage. Pharmacogn. Rev. 6, 1–5 (2012). 

Photos : Sabrina Malacorda Walk Wild

« Les plantes source de vie » : La conférence de François Couplan – 21 juin 2024

conférence François Couplan Fondation Homme et Nature
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