« J’ai le sentiment d’être là où je me dois d’être ».
Karen Bixen dans la Ferme africaine
Amoureux de montagne et de voile, j’ai toujours eu besoin de nature verte, blanche ou bleue. D’instinct, j’y ai toujours senti la présence de plus grand que moi.
Le dimanche matin, pendant que ma femme est à la messe avec ses amies, j’aime retrouver la beauté de la nature et l’émerveillement qu’elle suscite en moi. J’aime me laisser porter par ce sentiment de transcendance qui me submerge. Cette nature, c’est mon sang et mes racines, c’est une évidence nécessaire à mon fonctionnement, à ma vie.
J’étanche cette soif de beauté par des balades en forêt ou sur des sentiers de montagne, par l’observation des grèbes huppés sur le lac à la période des amours, par le passage de milliers de cormorans migrateurs affamés, par le réveil des marmottes en avril, par les arbres dont la limite file désormais jusqu’aux crètes des pentes sud.
Ces moments de contemplation me permettent d’accéder à plus de calme et à une certaine forme de sérénité : c’est la condition absolue qui permet à ma vie intérieure de s’épanouir, c’est mon moyen de me relier au sacré. Cela me donne aussi le sentiment d’être à ma juste place, en tant qu’être humain faisant partie d’un écosystème complexe et précieux.
Ma quête d’approfondissement de ma relation à la nature a engendré de belles rencontres qui m’enseignent et me transforment jour après jour. Je le vis quotidiennement au sein de la Fondation avec Léa, Patricia, Jeanne et Diane. Et parfois, ce sont des livres que l’on rencontre. Ou plutôt, qui nous amène à nous rencontrer nous-même…
Le livre de la journaliste et essayiste franco-tunisienne Sonia Mabrouk, Reconquérir le Sacré , paru aux Éditions de l’Observatoire en mars 2023 en fait partie.
Je vous en propose deux extraits, tirés du chapitre 5 : Nature et Sacré.
« Gardons-nous de toute radicalité qui verserait dans l’antihumanisme en déniant à l’homme la légitimité de sa place dans la nature. Il ne faut pas absolutiser la nature et ses créatures. Trouver un juste milieu, une éthique de l’environnement, inscrivant l’humanité dans un rapport de respect avec la nature. Par cette démarche mesurée et harmonieuse, il nous sera plus facile de déceler le beau, le vulnérable, l’émouvant, et donc de la sagesse et du sacré dans le milieu naturel. C’est en craignant d’abimer la nature que nous la respecterons davantage. »
Sonia Mabrouk
Le second extrait se termine par la belle phrase de Camus, tiré de son recueil d’essais – Noces « Laissons-nous aller à l’ébranlement de l’être » :
« Se réapproprier le sacré revient à réintroduire la conscience de nos actes sur la nature, la conscience d’une vie universelle. Ce sont des sentiments pour le beau, le vulnérable, l’émouvant, qui fabriquent ce que nous considérons comme étant sacré dans le milieu naturel. À nous de donner sa juste valeur à la nature. Pour y parvenir, il est impératif de comprendre que la crise liée aux aléas et aux catastrophes climatiques n’est pas uniquement environnementale, et qu’elle est aussi et surtout, de mon point de vue, spirituelle. Une telle crise touche à ce qui nous dépasse et à ce que nous avons en nous. Ce constat nous oblige à repenser totalement les efforts à consentir. Ces efforts ne peuvent pas seulement être établis sur la base d’éléments scientifiques et d’observations empiriques, ils doivent aussi se penser sur le plan des ressources spirituelles. Modifier notre mode de vie ne suffira pas. Il faudra aussi, et d’abord, bouleverser notre mode de penser et de ressentir, ce qui suppose sur une grande rupture intérieure. Retrouvons une verticalité spirituelle perdue et trop souvent remplacée par une horizontalité matérielle. »
Sonia Marbouk
Je vous invite, ainsi que toute l’équipe de la Fondation à vous inspirer de Renaud Rindlisbacher (que vous découvrirez dans notre nouvel épisode de Rêveillons-nous !) En se reliant à plus grand que lui à travers la nature, Renaud s’ouvre au vivant.
C’est notre invitation : se reconnecter à la nature, au sacré et à notre nature sacrée.
Bonne lecture !